La disparition

Ce matin-là, une vive lumière réchauffait la pièce à travers la baie vitrée,
quand retentit un bruit sourd et lourd sur le carreau. L’oiseau respirait encore. Quelques secondes à peine.

Le 25 décembre, la maison de retraite accueillait les familles pour un goûter festif. Après les chants, les déguisements et les yeux mouillés des mémés, il n’y avait plus que le silence.

D’une visite à l’autre, ses lunettes n’étaient jamais les mêmes. « T’y vois quelque chose avec ces bazars ? » Elle soupirait de fatigue en guise de réponse.

Sa famille l’estimait, par principe, parce qu’il était prêtre et qu’il écrivait des livres. Une myriade d’objets lui survivait mais aucun ne parlait de lui. Le feu se chargea de faire disparaître ses manuscrits.

Elle attendait, et racontait ces histoires du passé à qui voulait bien écouter.
Le jour où elle l’avait rencontré, lui le plus beau marin de la fête du village. Puis la nuit de sa disparition, quand son cœur, soudain, s’était arrêté de battre.

Lever les yeux au ciel. Saisir un souvenir triste et doux.
Un signe éphémère, presque familier.
Le lien entre désir et deuil qui traverse toute existence.